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Le blog de Leely ~ Ams Tram Gram
6 novembre 2010

Jour 1 – Le jour où le Marion est parti

Le départ du Marion, si c’est un événement pour moi, ne se fait pas en fanfare. On largue les amarres, quelques personnes font coucou sur la berge et c’est tout.

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Ce qui n’est pas banal, c’est l’émotion dégagée par le départ. Au plus court, il s’agit pour certains, touristes et personnels de bord, d’une croisière d’un mois. Mais pour nous, cela signifie énormément davantage. Et sursaute mon cœur lorsque résonne la corne de brume, pour la toute première fois. La civilisation disparaît sous le ciel. Nous sommes ainsi partis. L’hélicoptère nous a rejoints sous l’arc-en-ciel saisissant qui s’est formé en direction de la berge. Les dauphins dansent autour du bateau en un ballet féérique, jusqu’à ce que soit annoncé l’heure du dîner.

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Le bateau tangue et nous laisse peu le loisir de souffler. Pour lutter contre la force de l’Océan, nous errons sur les ponts afin de recueillir à notre front le vent frais du large. Il souffle avec de plus en plus de violence. Il fait noir. J’ai dormi seulement 2h la nuit précédente mais me coucher me semblerait un non-sens. Alors, d’un pont à l’autre, je cherche où le vent souffle avec le plus de force et j’engage la lutte.

Au milieu du H de la piste de l’hélico, il semble que tous les bruits du monde se soient tus, que toutes les lumières du monde se soient éteintes. On ne distingue que le bruit du vent, continu et puissant. On ne voit plus que les étoiles et l’Île de la Réunion, encore un petit huitième de l’horizon. Le plus beau ciel jamais vu par un homme. Au sommet du pont le plus exposé, sous la nuit d’encre et éclaboussée d’embruns, j’ai pu rester plus d’une heure sans quasiment bouger, étourdie d’extase.

Je n’ai désormais plus qu’un souhait, peu exigeant de surcroît. Que mon voyage ne finisse pas tant que n’apparaîtra pas à l’horizon, pour substituer à un bonheur un autre équivalent, ce caillou battu par les vents que l’on nomme Amsterdam.

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