Un petit lien où vous pourrez télécharger la gazette d'Amsterdam, le "Mensuel du Gorfou" que je réalise avec d'autres hivernants :

http://www.institut-polaire.fr/ipev/focus/a_decouvrir/en_direct_des_bases

Histoire d'en savoir un peu plus sur nos activités, nos programmes scientifiques, notre faune et notre quotidien !

L'albatros d'Amsterdam (surnommé l'Albadam's) est le deuxième oiseau le plus grand de ce monde, après l'albatros hurleur. Il niche uniquement au sommet de l'île Amsterdam, sur le plateau des Tourbières. Cet espace protégé, où la totalité des 200 individus de l'espèce sont nés, n'est accessible que sous autorisation préfectorale pour des manipulations spécifiques visant à mieux connaître cet animal pour mieux le protéger.

Il y a quelques jours, j'ai pu participer à des manipulations visant à mieux connaître le trajet des albatros d'Amsterdam lorsqu'ils vont se nourrir en mer. En posant des balises Argos sur les oiseaux, nous avons déjà des renseignements précieux sur leurs zones de pêche. Ainsi, il sera bientôt possible de gérer un plan de protection de ces zones et d'y réguler la pêche si nécessaire. La pose de caméras près des nids pourra également apporter des précisions sur la menace des espèces invasives de l'île (rats principalement) mais aussi du skua (oiseau charognard des îles australes).

Les conditions d'accès au plateau contiennent des contraintes sanitaires importantes. Le port d'une tenue exclusivement dédiée à cette partie de l'île est obligatoire. Les bottes sont également désinfectées méticuleusement pour éviter de véhiculer des souches de maladies aviaires, qui peuvent sévir ailleurs, par exemple à Entrecasteaux.

L'envergure de l'albatros d'Amsterdam dépasse souvent 3m.

On estime que cette espèce peut vivre jusqu'à 80 ans, comme l'albatros hurleur. Cela n'est basé que sur des suppositions car la découverte de l'espèce et son étude ne date que de 1983. Jusque là, on pensait qu'ils s'agissaient de grands albatros, comme à Crozet mais pas d'une espèce à part entière. Il a fallu pour cela réaliser des études génétiques.

Cet oiseau, majestueux en vol, a quelque chose d'un roi, d'un empereur. Mais ce géant bien fragile dont les couples reproducteurs ne pondent qu'un oeuf tous les deux ans au mieux, ne doit sa survie, remise en cause à chaque instant, qu'à son existence dissimulée dans les hauteurs de l'île la plus isolée du monde.

La protection de cette espèce emblématique est une priorité des années à venir pour la Réserve Naturelle des Terres Australes Françaises.

L'île d'Amsterdam ne fait pas partie des terres de reproduction des éléphants de mer. On n'y a jamais observé de femelles ni de petits. Néanmoins, chaque année, quelques mâles non reproducteurs viennent se reposer et se nourrir sur nos côtes.

Au mois de février, nous en avons eu jusqu'à une quinzaine sur la Cale.

Photos : Aurélie Chaput

La Mare aux Eléphants est le lieu d’étude des otaries à fourrure subantarctique sur Amsterdam. Il s’agit d’une mare (sans blague !) mais sans éléphants, située à quelques minutes de la base.

Le travail de l’ornitho consiste à quantifier l’impact du changement climatique sur l'otarie en question en suivant la population par marquage, baguage, pesée, observation de la répartition, etc. Les otaries mettent bas de fin novembre à mi-janvier (nous sommes sur la fin) puis s’en vont en mer jusqu’à la saison suivante.

L’otarie est un animal dangereux. Si les morsures ne sont pas très fréquentes (une par an environ sur l’île), il est courant de se faire charger par les mâles désireux de protéger leur harem. Globalement, une grande prudence est requise lors de leur manipulation, même celle des plus jeunes.

Néanmoins, ce sont des animaux magnifiques que je ne me lasse pas de photographier sous toutes les coutures.

Si elles sont agressives sur terre, les otaries deviennent dans l'eau de merveilleux compagnons de jeu.

La mission 62 sur l'île Amsterdam vous souhaite une excellente année 2011 !

Pointe-Bénédicte est une annexe scientifique de la Base Martin-de-Viviès sur l’île d’Amsterdam. J’y travaille depuis à présent un mois sur la chimie de l’atmosphère sur Ams.

On dit qu’à Amsterdam, on respire l’air le plus pur de la planète.  Si cette affirmation est à prendre avec des pincettes d’un point de vue scientifique, il n’en reste pas moins que l’île bénéficie de trois avantages considérables qui en font le pôle mondial de la chimie de l’atmosphère en milieu isolé :
- Sa situation géographique loin de tout continent et donc toute influence anthropique
- La continuité et la fiabilité des mesures effectuées à Pointe-Bénédicte depuis maintenant 30 ans pour le CO2, qui en font une référence mondiale
- La diversité et la complémentarité des analyses réalisées

Pointe B en 1980

Le programme Aérotrace (que j’ai en charge avec ma binôme Anaïs) complète l’étude des gaz à effet de serre du programme RAMCES par l’étude des particules en suspension dans l’atmosphère ainsi que par un suivi des précurseurs de ces particules (monoxyde de carbone et ozone).

Le monoyde de carbone, CO, est une molécule simple et peu réactive. Elle est donc capable de couvrir de grandes distances en quelques jours avant d’arriver à notre détecteur. Ainsi, sous un flux principalement d’ouest, le monoxyde de carbone que nous détectons peut venir des feux de biomasse d’Afrique, voire ponctuellement d’Amérique du Sud.

Le sulfure de diméthyle, comme d’autres COV complexes et réactifs, seront émis par l’île elle-même (végétation, …) ainsi que par l'océan. Le DMS est un aérosol particulier étudié sur Ams.

Les particules, quant à elles, impactées sur des filtres, sont suivies afin de mieux comprendre leur influence sur la formation des nuages donc le climat de notre planète.

Les influences locales sont bien répertoriées afin que les mesures aberrantes soient écartées lorsqu’elles surviennent (barbecues, incinérations des déchets, …). Les influences globales sont alors quantifiées ce qui permet de soustraire aux mesures en milieu urbain ce qui est émis par la Nature.

Pointe B aujourd'hui

Me voici.

Après 18 jours de mer et d'escales, après plus de 6000 km d'océan parfois agité, j'y suis.
Je suis sur Amsterdam.

Je ne sais par où commencer pour conter cette histoire. Elle parle d'aventure. Elle voudrait décrire la beauté du monde.

La vitesse de ma connexion internet est inversement proportionnelle à mon envie de partager ce que j'ai vécu ces dernières semaines mais les possibilités me manquent. Je voulais surtout rassurer mes amis et proches. Je vais très bien. La vie est douce sur Amsterdam. J'essayerai de raconter en détail toute la traversée, avec beaucoup de photos, dès que l'OP (l'opération de ravitaillement de la base) sera terminée et que le quotidien s'installera tranquillement à Martin-de-Viviès.

Il s'agit de nos dernières heures sur le bateau. Une dernière fois avant d'arriver, l'océan de toute part.

Et puis dans le lointain, alors qu'on n'y croyait presque plus, voici que se dessine Amsterdam.

Sous les ombres du ciel j'aperçus tes nuages
Amsterdam, bout du monde et fin de ce voyage
L'île où vivait mon coeur et où triompherons
Où serions enfin ceux dont nous voulions le nom

Libre à toi d'énoncer ce que d'autres ont tu
Ce qui faiblit encore aux rivages ambrés
Garde toujours au flanc les rêves éplorés
La vision sans faille de tes sommets obtus

Je crois te mériter mon amie de passage
Présomptueuses idées mais reçois le message
De fidèles alliés qui se ruent à ton sein
Dans cet espoir fou de respirer ton parfum

J'ai vu maintes fois sa forme sur les photos, et pourtant je ne peux en croire mes yeux. Se dessine un nouveau sourire sur mes lèvres. Je suis arrivée.



Dans la coursive hélicoptère, nous sommes si fébriles que l'OPEA en plaisante. Je serai dans le tout premier hélico. Déjà il décolle et déjà, je foule le sol d'Amsterdam.

Je rencontre les VCAT de la mission 61 et le personnel TAAF de la 62, ma mission. Enfin, j'y suis. Difficile à croire alors qu'une année s'est écoulée depuis l'envoi de ma candidature. La base est différente de ce que j'imaginais. Fleurie, verte, petite, jolie comme un village de vacances. Mais le temps de visiter viendra plus tard, il nous faut décharger la nourriture.